NouveauxBĂȘtisiers pour le film Les trois frĂšres Le Retour. Quand Les Inconnus se retrouvent pour le tournage de Les Trois FrĂšres Le Retour ils ne savent pas rester bien sĂ©rieux trĂšs longtemps. LesTrois FrĂšres est un film français rĂ©unissant les Inconnus et rĂ©alisĂ© par deux d'entre eux, Didier Bourdon et Bernard Campan, sorti en 1995.. RĂ©sumĂ©. Trois demi-frĂšres, qui ne se 1995– 2014 Presque 20 ans aprĂšs, les Inconnus remettent le couvert avec une suite au mythe film avec Les Trois FrĂšres, le retour.. Voici la bande annonce officielle du film accompagnĂ©e de deux teasers. Ça sent quand mĂȘme franchement le rĂ©chauffĂ© du premier film : Ă©mission de TV, notaire, argent, galĂšre cash. Par John J. Mearsheimer − Le 17 aoĂ»t 2022 − Source Foreign Affairs Les responsables politiques occidentaux semblent ĂȘtre parvenus Ă  un consensus sur la guerre en Ukraine le conflit s’installera dans une longue impasse et, finalement, une Russie affaiblie acceptera un accord de paix favorable aux États-Unis et Ă  ses alliĂ©s de l’OTAN, ainsi qu’à l’Ukraine. Bien que les responsables reconnaissent que Washington et Moscou peuvent choisir l’escalade pour obtenir un avantage ou pour Ă©viter une dĂ©faite, ils supposent qu’une escalade catastrophique peut ĂȘtre Ă©vitĂ©e. Rares sont ceux qui imaginent que les forces amĂ©ricaines seront directement impliquĂ©es dans les combats ou que la Russie osera utiliser des armes nuclĂ©aires. Note du Saker Francophone Nous vous prĂ©sentons la traduction d’un article tirĂ© d’un mĂ©dia grand public Ă©tasunien, Foreign Affairs, qui a fait un peu de bruit dans l’establishment car il montre les dangers de la politique va-t-en-guerre occidental. Suivi d’un deuxiĂšme article, Ă©crit par Gilbert Doctorow, un analyste alternatif spĂ©cialiste de la Russie dont nous avons dĂ©jĂ  publiĂ© quelques traductions, qui critique l’article de Mearsheimer. Cela pour vous montrer le contraste entre les deux analyses, qui se rejoignent pourtant sur le fond. Contraste qui montre l’impact que peut avoir la propagande mĂ©diatique sur les Ă©lites intellectuelles, mĂȘme les plus ouvertes d’esprit. Washington et ses alliĂ©s sont beaucoup trop cavaliers. Bien qu’une escalade dĂ©sastreuse puisse ĂȘtre Ă©vitĂ©e, la capacitĂ© des belligĂ©rants Ă  gĂ©rer ce danger est loin d’ĂȘtre certaine. Le risque qu’elle se produise est nettement plus important que ce que l’on croit gĂ©nĂ©ralement. Et Ă©tant donnĂ© que les consĂ©quences d’une escalade pourraient inclure une guerre majeure en Europe et peut-ĂȘtre mĂȘme l’annihilation nuclĂ©aire, il y a de bonnes raisons de s’inquiĂ©ter davantage. Pour comprendre la dynamique de l’escalade en Ukraine, il faut commencer par les objectifs de chaque partie. Depuis le dĂ©but de la guerre, tant Moscou que Washington ont considĂ©rablement accru leurs ambitions, et tous deux sont dĂ©sormais profondĂ©ment dĂ©terminĂ©s Ă  gagner cette guerre et Ă  atteindre de formidables objectifs politiques. Par consĂ©quent, chaque partie est fortement incitĂ©e Ă  trouver des moyens de l’emporter et, plus important encore, d’éviter de perdre. En pratique, cela signifie que les États-Unis pourraient se joindre aux combats s’ils veulent dĂ©sespĂ©rĂ©ment gagner ou empĂȘcher l’Ukraine de perdre, tandis que la Russie pourrait utiliser des armes nuclĂ©aires si elle veut dĂ©sespĂ©rĂ©ment gagner ou si elle est confrontĂ©e Ă  une dĂ©faite imminente, ce qui serait probable si les forces amĂ©ricaines Ă©taient entraĂźnĂ©es dans les combats. En outre, Ă©tant donnĂ© la dĂ©termination de chaque partie Ă  atteindre ses objectifs, il y a peu de chances de parvenir Ă  un compromis significatif. La pensĂ©e maximaliste qui prĂ©vaut actuellement Ă  Washington et Ă  Moscou donne Ă  chaque camp une raison supplĂ©mentaire de gagner sur le champ de bataille afin de pouvoir dicter les termes d’une paix Ă©ventuelle. En effet, l’absence d’une solution diplomatique possible incite les deux parties Ă  Ă©lever le niveau d’escalade. Ce qui se trouve alors plus haut pourrait ĂȘtre quelque chose de vraiment catastrophique un niveau de mort et de destruction dĂ©passant celui de la Seconde Guerre mondiale. Viser Haut Les États-Unis et leurs alliĂ©s ont initialement soutenu l’Ukraine pour empĂȘcher une victoire russe et aider Ă  nĂ©gocier une fin favorable aux combats. Mais dĂšs que l’armĂ©e ukrainienne a commencĂ© Ă  frapper les forces russes, en particulier autour de Kiev, l’administration Biden a changĂ© de cap et s’est engagĂ©e Ă  aider l’Ukraine Ă  gagner la guerre contre la Russie. Elle a Ă©galement cherchĂ© Ă  porter gravement atteinte Ă  l’économie russe en imposant des sanctions sans prĂ©cĂ©dent. Comme le secrĂ©taire Ă  la DĂ©fense Lloyd Austin l’a expliquĂ© en avril, les objectifs des États-Unis sont les suivants Nous voulons que la Russie soit affaiblie au point qu’elle ne puisse plus faire le genre de choses qu’elle a faites en envahissant l’Ukraine. » En effet, les États-Unis ont annoncĂ© leur intention d’éliminer la Russie du rangs des grandes puissances. Qui plus est, les États-Unis ont liĂ© leur propre rĂ©putation Ă  l’issue du conflit. Le prĂ©sident amĂ©ricain Joe Biden a qualifiĂ© la guerre de la Russie en Ukraine de gĂ©nocide » et a accusĂ© le prĂ©sident russe Vladimir Poutine d’ĂȘtre un criminel de guerre » qui devrait subir un procĂšs pour crimes de guerre . Avec de telles proclamations prĂ©sidentielles, il est difficile d’imaginer Washington faire marche arriĂšre ; si la Russie l’emportait en Ukraine, la position des États-Unis dans le monde subirait un sĂ©rieux coup. Les ambitions russes se sont Ă©galement Ă©largies. Contrairement aux idĂ©es reçues en Occident, Moscou n’a pas envahi l’Ukraine pour la conquĂ©rir et l’intĂ©grer Ă  une Grande Russie. Il s’agissait principalement d’empĂȘcher l’Ukraine de devenir un rempart occidental Ă  la frontiĂšre russe. Poutine et ses conseillers Ă©taient particuliĂšrement inquiets de voir l’Ukraine rejoindre l’OTAN. Le ministre russe des Affaires Ă©trangĂšres, SergueĂŻ Lavrov, l’a exprimĂ© succinctement Ă  la mi-janvier, en dĂ©clarant lors d’une confĂ©rence de presse que la clĂ© de tout est la garantie que l’OTAN ne s’étendra pas vers l’est. » Pour les dirigeants russes, la perspective d’une adhĂ©sion de l’Ukraine Ă  l’OTAN est, comme l’a dit Poutine lui-mĂȘme avant l’invasion, une menace directe pour la sĂ©curitĂ© de la Russie » – une menace qui ne pourrait ĂȘtre Ă©liminĂ©e qu’en entrant en guerre et en transformant l’Ukraine en un État neutre ou dĂ©faillant. À cette fin, il semble que les objectifs territoriaux de la Russie se soient considĂ©rablement Ă©largis depuis le dĂ©but de la guerre. Jusqu’à la veille de l’invasion, la Russie s’était engagĂ©e Ă  appliquer l’accord de Minsk II, qui aurait maintenu le Donbass dans le giron de l’Ukraine. Cependant, au cours de la guerre, la Russie a conquis de vastes Ă©tendues de territoire dans l’est et le sud de l’Ukraine, et il est de plus en plus Ă©vident que Poutine a dĂ©sormais l’intention d’annexer tout ou partie de ces terres, ce qui transformerait effectivement ce qui reste de l’Ukraine en un État croupion dysfonctionnel. La menace qui pĂšse aujourd’hui sur la Russie est encore plus grande qu’avant la guerre, principalement parce que l’administration Biden est dĂ©sormais dĂ©terminĂ©e Ă  faire reculer les gains territoriaux de la Russie et Ă  paralyser dĂ©finitivement sa puissance. Pour aggraver encore les choses pour Moscou, la Finlande et la SuĂšde rejoignent l’OTAN, et l’Ukraine est mieux armĂ©e et plus Ă©troitement alliĂ©e Ă  l’Occident. Moscou ne peut pas se permettre de perdre en Ukraine, et elle utilisera tous les moyens Ă  sa disposition pour Ă©viter la dĂ©faite. Poutine semble convaincu que la Russie finira par l’emporter sur l’Ukraine et ses soutiens occidentaux. Aujourd’hui, nous entendons dire qu’ils veulent nous vaincre sur le champ de bataille , a-t-il dĂ©clarĂ© dĂ©but juillet. Qu’en dire ? Qu’ils essaient. Les objectifs de l’opĂ©ration militaire spĂ©ciale seront atteints. Il n’y a aucun doute lĂ -dessus. » L’Ukraine, pour sa part, a les mĂȘmes objectifs que l’administration Biden. Les Ukrainiens sont dĂ©terminĂ©s Ă  reconquĂ©rir le territoire perdu au profit de la Russie – y compris la CrimĂ©e – et une Russie plus faible est certainement moins menaçante pour l’Ukraine. En outre, ils sont convaincus de pouvoir gagner, comme l’a clairement indiquĂ© le ministre ukrainien de la dĂ©fense, Oleksii Reznikov, Ă  la mi-juillet, lorsqu’il a dĂ©clarĂ© La Russie peut certainement ĂȘtre vaincue, et l’Ukraine a dĂ©jĂ  montrĂ© comment. » Son homologue amĂ©ricain est apparemment d’accord. Notre assistance fait une rĂ©elle diffĂ©rence sur le terrain , a dĂ©clarĂ© Austin dans un discours prononcĂ© fin juillet. La Russie pense qu’elle peut survivre Ă  l’Ukraine – et nous survivre. Mais ce n’est que la derniĂšre en date des erreurs de calcul de la Russie. » En substance, Kiev, Washington et Moscou sont tous profondĂ©ment dĂ©terminĂ©s Ă  gagner aux dĂ©pens de leur adversaire, ce qui laisse peu de place au compromis. Ni l’Ukraine ni les États-Unis, par exemple, ne sont susceptibles d’accepter une Ukraine neutre ; en fait, l’Ukraine se rapproche chaque jour davantage de l’Occident. La Russie n’est pas non plus susceptible de restituer la totalitĂ© ou mĂȘme la majeure partie du territoire qu’elle a pris Ă  l’Ukraine, d’autant que les animositĂ©s qui alimentent le conflit dans le Donbass entre les sĂ©paratistes pro-russes et le gouvernement ukrainien depuis huit ans sont plus intenses que jamais. Ces intĂ©rĂȘts contradictoires expliquent pourquoi tant d’observateurs pensent qu’un rĂšglement nĂ©gociĂ© ne se produira pas de sitĂŽt et prĂ©voient donc une impasse sanglante. Ils ont raison sur ce point. Mais les observateurs sous-estiment le potentiel d’escalade catastrophique que recĂšle une guerre prolongĂ©e en Ukraine. Il existe trois chemins d’escalade inhĂ©rents Ă  la conduite de la guerre l’une ou les deux parties l’intensifient dĂ©libĂ©rĂ©ment pour gagner, l’une ou les deux parties l’intensifient dĂ©libĂ©rĂ©ment pour empĂȘcher la dĂ©faite, ou les combats s’intensifient non par choix dĂ©libĂ©rĂ© mais par enchaĂźnements de faits. Chaque chemin est susceptible d’entraĂźner les États-Unis dans les combats ou de conduire la Russie Ă  utiliser des armes nuclĂ©aires, voire les deux. L’AmĂ©rique entre en jeu Une fois que l’administration Biden a conclu que la Russie pouvait ĂȘtre battue en Ukraine, elle a envoyĂ© davantage d’armes et plus puissantes Ă  Kiev. L’Occident a commencĂ© Ă  accroĂźtre la capacitĂ© offensive de l’Ukraine en envoyant des armes telles que le systĂšme de roquettes Ă  lancement multiple HIMARS, en plus des armes dĂ©fensives » telles que le missile antichar Javelin. Au fil du temps, la lĂ©talitĂ© et la quantitĂ© des armes ont augmentĂ©. Il faut savoir qu’en mars, Washington a opposĂ© son veto Ă  un projet de transfert d’avions de combat MiG-29 polonais Ă  l’Ukraine, au motif que cela risquait d’intensifier le combat, mais en juillet, il n’a soulevĂ© aucune objection lorsque la Slovaquie a annoncĂ© qu’elle envisageait d’envoyer les mĂȘmes avions Ă  Kiev. Les États-Unis envisagent Ă©galement de donner leurs propres F-15 et F-16 Ă  l’Ukraine. Les États-Unis et leurs alliĂ©s forment Ă©galement l’armĂ©e ukrainienne et lui fournissent des renseignements essentiels qu’elle utilise pour dĂ©truire des cibles russes clĂ©s. En outre, comme l’a rapportĂ© le New York Times, l’Occident dispose d’un rĂ©seau furtif de commandos et d’espions » sur le terrain en Ukraine. Washington n’est peut-ĂȘtre pas directement engagĂ© dans les combats, mais il est profondĂ©ment impliquĂ© dans la guerre. Et il ne lui reste plus qu’un pas Ă  franchir pour que ses propres soldats appuient sur la gĂąchette et ses propres pilotes sur les boutons. L’armĂ©e amĂ©ricaine pourrait s’impliquer dans les combats de diffĂ©rentes maniĂšres. Envisageons une situation oĂč la guerre s’éternise pendant un an ou plus, et oĂč il n’y a pas de solution diplomatique en vue ni de voie praticable vers une victoire ukrainienne. Dans le mĂȘme temps, Washington cherche dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă  mettre fin Ă  la guerre, peut-ĂȘtre parce qu’il doit se concentrer sur l’endiguement de la Chine ou parce que les coĂ»ts Ă©conomiques du soutien Ă  l’Ukraine causent des problĂšmes politiques dans le pays et en Europe. Dans ces circonstances, les dĂ©cideurs amĂ©ricains auraient toutes les raisons d’envisager de prendre des mesures plus risquĂ©es – comme l’imposition d’une zone d’exclusion aĂ©rienne au-dessus de l’Ukraine ou l’insertion de petits contingents de forces terrestres amĂ©ricaines – pour aider l’Ukraine Ă  vaincre la Russie. Un scĂ©nario plus probable pour une intervention amĂ©ricaine se produirait si l’armĂ©e ukrainienne commençait Ă  s’effondrer et que la Russie semblait susceptible de remporter une victoire majeure. Dans ce cas, Ă©tant donnĂ© l’engagement profond de l’administration Biden Ă  empĂȘcher cette issue, les États-Unis pourraient essayer de renverser la vapeur en s’impliquant directement dans les combats. On peut facilement imaginer des responsables amĂ©ricains croyant que la crĂ©dibilitĂ© de leur pays est en jeu et se convainquant qu’un recours limitĂ© Ă  la force sauverait l’Ukraine sans inciter Poutine Ă  utiliser des armes nuclĂ©aires. Par ailleurs, une Ukraine dĂ©sespĂ©rĂ©e pourrait lancer des attaques Ă  grande Ă©chelle contre des villes russes, en espĂ©rant qu’une telle escalade provoquerait une rĂ©ponse massive de la Russie qui obligerait finalement les États-Unis Ă  se joindre aux combats. Le dernier scĂ©nario d’implication amĂ©ricaine est celui d’une escalade involontaire sans le vouloir, Washington est entraĂźnĂ© dans la guerre par un Ă©vĂ©nement imprĂ©vu qui s’amplifie. Peut-ĂȘtre que des avions de chasse amĂ©ricains et russes, qui sont entrĂ©s en contact Ă©troit au-dessus de la mer Baltique, entrent accidentellement en collision. Un tel incident pourrait facilement dĂ©gĂ©nĂ©rer, Ă©tant donnĂ© les niveaux Ă©levĂ©s de peur des deux cĂŽtĂ©s, le manque de communication et la diabolisation mutuelle. Ou peut-ĂȘtre la Lituanie bloquera-t-elle le passage des marchandises sanctionnĂ©es qui traversent son territoire pour se rendre de Russie Ă  Kaliningrad, l’enclave russe sĂ©parĂ©e du reste du pays. C’est ce qu’a fait la Lituanie Ă  la mi-juin, mais elle a fait marche arriĂšre Ă  la mi-juillet, aprĂšs que Moscou a clairement indiquĂ© qu’elle envisageait des mesures sĂ©vĂšres » pour mettre fin Ă  ce qu’elle considĂšre comme un blocus illĂ©gal. Le ministĂšre lituanien des affaires Ă©trangĂšres a toutefois refusĂ© de lever complĂštement le blocus. La Lituanie Ă©tant membre de l’OTAN, les États-Unis se porteraient presque certainement Ă  sa dĂ©fense si la Russie attaquait le pays. Ou peut-ĂȘtre la Russie dĂ©truira-t-elle un bĂątiment Ă  Kiev ou un site d’entraĂźnement quelque part en Ukraine, tuant involontairement un nombre important d’AmĂ©ricains, tels que des travailleurs humanitaires, des agents de renseignement ou des conseillers militaires. L’administration Biden, confrontĂ©e Ă  un tollĂ© dans son pays, dĂ©cidera qu’elle doit riposter et frappera des cibles russes, ce qui entraĂźnera un Ă©change de coups bas entre les deux parties. Enfin, il est possible que les combats dans le sud de l’Ukraine endommagent la centrale nuclĂ©aire de Zaporizhzhya, la plus grande d’Europe, contrĂŽlĂ©e par la Russie, au point qu’elle Ă©mette des radiations dans toute la rĂ©gion, ce qui amĂšnerait la Russie Ă  rĂ©agir de la mĂȘme maniĂšre. Dmitri Medvedev, l’ancien prĂ©sident et premier ministre russe, a rĂ©pondu de maniĂšre sinistre Ă  cette Ă©ventualitĂ© en dĂ©clarant en aoĂ»t N’oubliez pas qu’il y a aussi des sites nuclĂ©aires dans l’Union europĂ©enne. Et des incidents sont possibles lĂ  aussi . Si la Russie devait frapper un rĂ©acteur nuclĂ©aire europĂ©en, les États-Unis entreraient presque certainement dans la bataille. Bien entendu, Moscou pourrait Ă©galement ĂȘtre Ă  l’origine de cette escalade. On ne peut Ă©carter la possibilitĂ© que la Russie, qui cherche dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă  stopper le flux d’aide militaire occidentale en Ukraine, frappe les pays par lesquels passe la majeure partie de cette aide la Pologne ou la Roumanie, qui sont toutes deux membres de l’OTAN. Il est Ă©galement possible que la Russie lance une cyberattaque massive contre un ou plusieurs pays europĂ©ens aidant l’Ukraine, causant de gros dĂ©gĂąts Ă  ses infrastructures critiques. Une telle attaque pourrait inciter les États-Unis Ă  lancer une cyberattaque de reprĂ©sailles contre la Russie. En cas de succĂšs, Moscou pourrait rĂ©pondre militairement ; en cas d’échec, Washington pourrait dĂ©cider que la seule façon de punir la Russie serait de la frapper directement. De tels scĂ©narios semblent tirĂ©s par les cheveux, mais ils ne sont pas impossibles. Et ce ne sont que quelques exemples de la façon dont ce qui est aujourd’hui une guerre locale pourrait se transformer en quelque chose de beaucoup plus grand et plus dangereux. En arriver au nuclĂ©aire Bien que l’armĂ©e russe ait fait d’énormes dĂ©gĂąts en Ukraine, Moscou a, jusqu’à prĂ©sent, Ă©tĂ© rĂ©ticent Ă  lancer une escalade pour gagner la guerre. Poutine n’a pas augmentĂ© la taille de ses forces par une conscription Ă  grande Ă©chelle. Il n’a pas non plus pris pour cible le rĂ©seau Ă©lectrique de l’Ukraine, ce qui serait relativement facile Ă  faire et infligerait des dommages massifs Ă  ce pays. En fait, de nombreux Russes lui ont reprochĂ© de ne pas mener la guerre plus vigoureusement. Poutine a reconnu ces critiques, mais a fait savoir qu’il s’engagerait dans une escalade si nĂ©cessaire. Nous n’avons mĂȘme pas encore commencĂ© quelque chose de sĂ©rieux , a-t-il dĂ©clarĂ© en juillet, laissant entendre que la Russie pourrait le faire, et le ferait, si la situation militaire se dĂ©tĂ©riorait. Qu’en est-il de la forme ultime de l’escalade ? Il existe trois circonstances dans lesquelles Poutine pourrait utiliser des armes nuclĂ©aires. La premiĂšre serait que les États-Unis et leurs alliĂ©s de l’OTAN entrent dans la bataille. Non seulement cette Ă©volution modifierait sensiblement l’équilibre militaire en dĂ©faveur de la Russie, ce qui augmenterait considĂ©rablement la probabilitĂ© de sa dĂ©faite, mais cela signifierait Ă©galement que la Russie mĂšnerait une guerre entre grandes puissances Ă  ses portes, qui pourrait facilement dĂ©border sur son territoire. Les dirigeants russes penseraient certainement que leur survie est en danger, ce qui les inciterait fortement Ă  utiliser des armes nuclĂ©aires pour sauver la situation. Au minimum, ils envisageraient des frappes de dĂ©monstration destinĂ©es Ă  convaincre l’Occident de faire marche arriĂšre. Il est impossible de savoir Ă  l’avance si une telle mesure mettrait fin Ă  la guerre ou conduirait Ă  une escalade incontrĂŽlable. Dans son discours du 24 fĂ©vrier annonçant l’invasion, Poutine a fortement laissĂ© entendre qu’il aurait recours aux armes nuclĂ©aires si les États-Unis et leurs alliĂ©s entraient en guerre. S’adressant Ă  ceux qui pourraient ĂȘtre tentĂ©s d’intervenir , il a dĂ©clarĂ© Ils doivent savoir que la Russie rĂ©pondra immĂ©diatement, et les consĂ©quences seront telles que vous n’en avez jamais vues dans toute votre histoire. » Son avertissement n’a pas Ă©chappĂ© Ă  Avril Haines, directrice du renseignement national amĂ©ricain, qui a prĂ©dit en mai que Poutine pourrait utiliser des armes nuclĂ©aires si l’OTAN intervient ou est sur le point d’intervenir , en bonne partie parce que cela contribuerait Ă©videmment Ă  donner l’impression qu’il est sur le point de perdre la guerre en Ukraine . Dans le deuxiĂšme scĂ©nario nuclĂ©aire, l’Ukraine renverse par elle-mĂȘme la situation sur le champ de bataille, sans implication directe des États-Unis. Si les forces ukrainiennes Ă©taient sur le point de vaincre l’armĂ©e russe et de reprendre le territoire perdu par leur pays, il ne fait aucun doute que Moscou pourrait facilement considĂ©rer ce rĂ©sultat comme une menace existentielle nĂ©cessitant une rĂ©ponse nuclĂ©aire. AprĂšs tout, Poutine et ses conseillers ont Ă©tĂ© suffisamment alarmĂ©s par l’alignement croissant de Kiev sur l’Occident pour choisir dĂ©libĂ©rĂ©ment d’attaquer l’Ukraine, malgrĂ© les avertissements clairs des États-Unis et de leurs alliĂ©s quant aux graves consĂ©quences auxquelles la Russie serait confrontĂ©e. Contrairement au premier scĂ©nario, Moscou utiliserait des armes nuclĂ©aires non pas dans le cadre d’une guerre avec les États-Unis, mais contre l’Ukraine. Elle le ferait sans grande crainte de reprĂ©sailles nuclĂ©aires, puisque Kiev ne possĂšde pas d’armes nuclĂ©aires et que Washington n’aurait aucun intĂ©rĂȘt Ă  dĂ©clencher une guerre nuclĂ©aire. En l’absence d’une menace claire de reprĂ©sailles, il serait plus facile pour Poutine d’envisager l’utilisation du nuclĂ©aire. Dans le troisiĂšme scĂ©nario, la guerre s’installe dans une impasse prolongĂ©e qui n’a pas de solution diplomatique et devient extrĂȘmement coĂ»teuse pour Moscou. DĂ©sespĂ©rant de mettre fin au conflit dans des conditions favorables, Poutine pourrait choisir l’escalade nuclĂ©aire pour gagner. Comme dans le scĂ©nario prĂ©cĂ©dent, oĂč il l’intensifie pour Ă©viter la dĂ©faite, les reprĂ©sailles nuclĂ©aires amĂ©ricaines seraient hautement improbables. Dans les deux scĂ©narios, la Russie est susceptible d’utiliser des armes nuclĂ©aires tactiques contre un petit nombre de cibles militaires, du moins dans un premier temps. Elle pourrait frapper des villes et des villages lors d’attaques ultĂ©rieures, si nĂ©cessaire. L’obtention d’un avantage militaire serait l’un des objectifs de la stratĂ©gie, mais le plus important serait de porter un coup qui changerait la donne – de crĂ©er une telle peur en Occident que les États-Unis et leurs alliĂ©s agiraient rapidement pour mettre fin au conflit dans des conditions favorables Ă  Moscou. Il n’est pas Ă©tonnant que William Burns, le directeur de la CIA, ait fait remarquer en avril Aucun d’entre nous ne peut prendre Ă  la lĂ©gĂšre la menace que reprĂ©sente un recours potentiel Ă  des armes nuclĂ©aires tactiques ou Ă  des armes nuclĂ©aires Ă  faible rendement. » FrĂŽler la catastrophe On pourrait admettre que, bien que l’un de ces scĂ©narios catastrophiques puisse thĂ©oriquement se produire, les chances sont faibles et devraient donc ĂȘtre peu prĂ©occupantes. AprĂšs tout, les dirigeants des deux camps sont fortement incitĂ©s Ă  tenir les AmĂ©ricains Ă  l’écart des combats et Ă  Ă©viter toute utilisation nuclĂ©aire, mĂȘme limitĂ©e, sans parler d’une vĂ©ritable guerre nuclĂ©aire. Si seulement on pouvait ĂȘtre aussi optimiste. En fait, la vision conventionnelle sous-estime largement les dangers d’une escalade en Ukraine. Pour commencer, les guerres ont tendance Ă  avoir une logique propre, ce qui rend difficile de prĂ©dire leur dĂ©roulement. Quiconque affirme savoir avec certitude quel chemin prendra la guerre en Ukraine se trompe. La dynamique de l’escalade en temps de guerre est tout aussi difficile Ă  prĂ©voir ou Ă  contrĂŽler, ce qui devrait servir d’avertissement Ă  ceux qui sont convaincus que les Ă©vĂ©nements en Ukraine peuvent ĂȘtre gĂ©rĂ©s. En outre, comme l’a reconnu le thĂ©oricien militaire prussien Carl von Clausewitz, le nationalisme encourage les guerres modernes Ă  s’intensifier jusqu’à leur forme la plus extrĂȘme, surtout lorsque les enjeux sont Ă©levĂ©s pour les deux parties. Cela ne veut pas dire que les guerres ne peuvent pas ĂȘtre limitĂ©es, mais cela n’est pas facile. Enfin, Ă©tant donnĂ© les coĂ»ts faramineux d’une guerre nuclĂ©aire entre grandes puissances, le moindre risque qu’elle se produise devrait inciter chacun Ă  rĂ©flĂ©chir longuement Ă  la direction que pourrait prendre ce conflit. Cette situation pĂ©rilleuse crĂ©e une incitation puissante Ă  trouver une solution diplomatique Ă  la guerre. Malheureusement, il n’y a pas de rĂšglement politique en vue, car les deux parties sont fermement engagĂ©es dans des objectifs de guerre qui rendent tout compromis presque impossible. L’administration Biden aurait dĂ» travailler avec la Russie pour rĂ©gler la crise ukrainienne avant que la guerre n’éclate en fĂ©vrier. Il est maintenant trop tard pour conclure un accord. La Russie, l’Ukraine et l’Occident sont coincĂ©s dans une situation terrible, sans issue Ă©vidente. On ne peut qu’espĂ©rer que les dirigeants des deux parties gĂ©reront la guerre de maniĂšre Ă  Ă©viter une escalade catastrophique. Mais pour les dizaines de millions de personnes dont la vie est en jeu, ce n’est qu’un maigre rĂ©confort. John J. Mearsheimer Traduit par Wayan, relu par HervĂ©, pour le Saker Francophone Voici maintenant le commentaire de Gilbert Doctorow au sujet de cet article Critique du dernier article de John Mearsheimer sur l’Ukraine dans Foreign Affairs . Par Gilbert Doctorow − Le 20 aoĂ»t 2022 Il y a quelques jours, la revue de politique internationale la plus lue aux États-Unis, Foreign Affairs, publiait un article du professeur de l’UniversitĂ© de Chicago, John Mearsheimer, intitulĂ© Playing with Fire in Ukraine the Underappreciated Risks of Catastrophic Escalation » Cette publication a constituĂ© un Ă©vĂ©nement majeur en soi compte tenu de la ligne Ă©ditoriale orthodoxe de Foreign Affairs pour tout ce qui concerne la Russie et des remises en cause de la narrative de Washington faites par Mearsheimer depuis la parution de son article Why the Ukraine Crisis is the West’s Fault » [Pourquoi la crise en Ukraine est de la faute de l’Occident] dans le numĂ©ro d’automne 2014 de Foreign Affairs. À l’époque, cet article avait suscitĂ© un paroxysme de rage chez les partisans de la ligne dure qui forment la majoritĂ© de la communautĂ© amĂ©ricaine de politique Ă©trangĂšre et des lecteurs de la revue. La vidĂ©o d’un discours sur le mĂȘme sujet, que Mearsheimer a prononcĂ© en 2014 peu aprĂšs la parution de l’article, a Ă©tĂ© visionnĂ©e par plus de 12 millions de visiteurs sur YouTube. Une version actualisĂ©e du mĂȘme discours, publiĂ© aussi sur YouTube au cours de ce printemps, a attirĂ© plus de 1,6 million de spectateurs. On peut affirmer sans risque que John Mearsheimer est l’universitaire qui conteste la sagesse conventionnelle sur la guerre en Ukraine le plus vu et le plus Ă©coutĂ©. Je reconnais volontiers le mĂ©rite du nouvel article de Mearsheimer avertir de la maniĂšre dont le conflit en Ukraine pourrait facilement Ă©chapper Ă  tout contrĂŽle et dĂ©gĂ©nĂ©rer en une guerre nuclĂ©aire. Les conseillers inexpĂ©rimentĂ©s et ignorants de la Maison Blanche doivent ĂȘtre secouĂ©s pour sortir de leur complaisance et tout ce qui est publiĂ© dans Foreign Affairs sera nĂ©cessairement portĂ© Ă  leur attention, alors qu’un article publiĂ© par par exemple, sera brĂ»lĂ© avant mĂȘme d’ĂȘtre lu. Toutefois, cela n’excuse pas Mearsheimer de se baser sur les mĂȘmes sources d’information restreintes et dĂ©formĂ©es que celles utilisĂ©es par les grands mĂ©dias et les grands universitaires, tout en ignorant d’autres sources d’information qui donneraient plus de profondeur Ă  son analyse et modifieraient peut-ĂȘtre ses conclusions de maniĂšre substantielle. Pour ĂȘtre explicite, je pense qu’il Ă©coute trop attentivement les prĂ©visions optimistes de Washington et de Kiev concernant une contre-offensive qui aboutira Ă  une impasse, voire Ă  une dĂ©faite russe, et qu’il n’écoute pas les rapports russes sur l’évolution de leur campagne sur le terrain, qui indiquent une rĂ©duction lente et rĂ©guliĂšre de tous les obstacles Ă  la conquĂȘte de l’oblast de Donetsk, ce qui signifie la capture de l’ensemble du Donbass. L’avancĂ©e russe n’est que lĂ©gĂšrement ralentie par le dĂ©tournement de troupes vers la rĂ©gion de Kherson pour Ă©touffer dans l’Ɠuf cette attaque ukrainienne bien annoncĂ©e. Aux derniĂšres nouvelles, les Russes s’approchent des points forts stratĂ©giques de Slavyansk et Kramatorsk, berceau du mouvement indĂ©pendantiste du Donbass en 2014. En prenant ces villes de la rĂ©gion centrale, ils coupent l’approvisionnement en armes des positions ukrainiennes les plus lourdement fortifiĂ©es juste Ă  l’extĂ©rieur de la ville de Donetsk, celles qui bombardent les quartiers rĂ©sidentiels et tuent des civils quotidiennement depuis huit ans. C’est ce qui explique qu’ils aient finalement envahi et dĂ©truit les positions ukrainiennes dans la ville de Peski, Ă  seulement deux kilomĂštres de la capitale de la RPD, la semaine derniĂšre. La prise de Peski n’a pas Ă©tĂ© rapportĂ©e par les mĂ©dias occidentaux, tout comme la nature criminelle de certains actes, avoir tirĂ© sur des cibles civiles en violation des conventions internationales sur la conduite de la guerre, par exemple, et cela n’a jamais Ă©tĂ© signalĂ©. Ainsi, l’avancĂ©e russe n’a rien de choquant et effrayant , ce qui signifie que les Russes ne font rien pour faire les gros titres et forcer Biden Ă  entamer une escalade disproportionnĂ©e. Le programme russe, tel qu’annoncĂ© dans leurs principaux talk-shows tĂ©lĂ©visĂ©s, est d’achever la libĂ©ration du Donbass d’ici la fin de l’annĂ©e. AprĂšs cela, s’il n’y a pas de capitulation ukrainienne, il est probable que la progression se poursuivra jusqu’en Transnistrie et Ă  la frontiĂšre roumaine, en passant par Odessa, auquel cas aucun traitĂ© de paix ne sera plus nĂ©cessaire pour quiconque. Le rĂ©gime de Zelensky pourra ĂȘtre laissĂ© Ă  l’abandon, les rĂ©criminations mutuelles Ă©branlant la base de son pouvoir. L’article de Mearsheimer examine en dĂ©tail les nombreux scĂ©narios possibles d’une escalade dangereuse, voire catastrophique, du conflit. Mais ceux-ci sont innombrables et largement imprĂ©visibles, de sorte qu’il ne couvre finalement qu’une fraction des possibilitĂ©s de dĂ©rapage. Elles sont, comme il l’admet, peu susceptibles de se produire. Amen. L’une de ces possibilitĂ©s d’escalade catastrophique qui retient actuellement l’attention des mĂ©dias mondiaux est l’affrontement Ă  la centrale nuclĂ©aire de Zaporozhie, occupĂ©e par la Russie, la plus grande centrale de ce type en Europe. Les deux parties en conflit jouent sur la menace inhĂ©rente aux tirs d’artillerie et de roquettes sur une installation nuclĂ©aire Ă  des fins de propagande, pour dĂ©peindre l’autre partie comme Ă©tant folle les Ukrainiens dĂ©crivent des dirigeants du Kremlin comme Ă©tant des terroristes nuclĂ©aires et des maĂźtres chanteurs, les Russes disent que les forces ukrainiennes qui tirent sur la centrale sont des singes portant des grenades . Mearsheimer avait certainement Ă  l’esprit, lorsqu’il a formulĂ© son article, les dommages causĂ©s Ă  la centrale et le rejet de substances radioactives dans l’atmosphĂšre. Cependant, permettez-moi d’ĂȘtre parfaitement clair il s’agit d’un faux problĂšme, tout comme le prĂ©tendu blocus russe des ports ukrainiens qui aurait forcĂ© Ă  la famine les nations africaines qui ne parvenaient pas Ă  obtenir les cĂ©rĂ©ales qu’elles avaient commandĂ©es Ă  l’Ukraine avant le conflit. Le fait est que les rĂ©acteurs nuclĂ©aires sont encastrĂ©s dans des murs de bĂ©ton d’un mĂštre d’épaisseur qui sont rĂ©sistants Ă  tous les projectiles que les Ukrainiens sont capables de lancer. Les risques concernent les bĂątiments administratifs et les systĂšmes de refroidissement. Les Russes sont parfaitement capables d’arrĂȘter les rĂ©acteurs nuclĂ©aires Ă  tout moment pour Ă©viter une catastrophe. Permettez-moi maintenant d’attirer l’attention sur le risque nuclĂ©aire que Mearsheimer identifie dans son article. Il a repris exactement le mĂȘme argument que les commentateurs dominants aux États-Unis, Ă  savoir que la Russie pourrait recourir aux armes nuclĂ©aires au cas oĂč la campagne se retournerait contre elle en raison d’une intervention plus importante de l’Occident, y compris par l’envoi de troupes sur le terrain. Nous savons tous que des troupes sont dĂ©jĂ  sur le terrain, Ă  savoir les instructeurs » qui dirigent les tirs des HIMARS. Nous savons que des officiers supĂ©rieurs amĂ©ricains et d’autres officiers occidentaux assurant la liaison avec leurs homologues ukrainiens ont rĂ©cemment Ă©tĂ© rĂ©duits en miettes par l’attaque Ă  la roquette russe sur Vinnitsa. Tout cela a Ă©tĂ© passĂ© sous silence et le seul indice de ce dĂ©sastre pour Washington a Ă©tĂ© le licenciement des dirigeants des services de renseignement ukrainiens, dĂšs le lendemain. Bien sĂ»r, personne ne sait ce qui pourrait encore forcer une escalade. Mais lĂ  encore, Mearsheimer passe Ă  cĂŽtĂ© de certaines considĂ©rations importantes. Pourquoi suppose-t-il que les Russes devraient passer aux options nuclĂ©aires et pourquoi ces options seraient-elles dirigĂ©es contre Kiev et non, par exemple, contre Londres ? Plus prĂ©cisĂ©ment, il ne tient pas compte du fait que les Russes ont Ă  peine commencĂ© Ă  se battre, comme Poutine l’a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© publiquement. Ils ne se sont pas mobilisĂ©s et n’ont pas Ă©mis d’avis de conscription, ils n’ont pas mis l’économie sur le pied de guerre. Et ils n’ont pas dĂ©ployĂ© leurs armes les plus consĂ©quentes. Au contraire, ils se sont retenus, mais sont prĂȘts Ă  les utiliser si nĂ©cessaire dans une guerre directe avec l’OTAN. Il s’agit de charges conventionnelles massivement destructrices transportĂ©es par des fusĂ©es hypersoniques et similaires. Il y a ensuite une autre dimension du conflit que Mearsheimer n’aborde pas dans son article, alors qu’elle exercera une influence dĂ©cisive sur la victoire de Washington ou de Moscou dans cette lutte acharnĂ©e les dommages Ă©conomiques causĂ©s par les sanctions contre l’Europe par le biais d’un retour de flamme qui est sur le point de devenir politiquement insoutenable Ă  l’arrivĂ©e de la saison de chauffage d’automne et d’hiver. Les pays baltes et la Pologne sont et resteront irraisonnables, dirigĂ©s qu’ils sont par des russophobes dĂ©lirants. Toutefois, lorsque les inĂ©vitables manifestations de rue se produiront en France, le plus instable des grands États de l’UE, suivi par l’Allemagne de l’Est et mĂȘme par la Belgique, un pays plus passif, comme me l’expliquent les Ă©lites locales avec qui je parle, alors les politiciens europĂ©ens partiront dans des directions contradictoires et l’unitĂ© s’effondrera. Les Russes sont sĂ»rs de gagner cette guerre psychologique, malgrĂ© tous les efforts des mĂ©dias de l’UE pour l’étouffer. Le jour oĂč Scholz donnera le feu vert Ă  l’ouverture du Nord Stream II marquera la victoire des Russes et mettra un terme aux dĂ©cisions suicidaires prises par les États-Unis en Europe. Pour toutes ces raisons, j’exhorte le professeur Mearsheimer et ses disciples Ă  prĂȘter davantage attention Ă  ce que disent les Russes et moins aux babillages de Washington. Gilbert Doctorow Traduit par Wayan, relu par HervĂ©, pour le Saker Francophone 5 469 Programme TV /Les trois frĂšresDisponible dans une option payanteFilms - ComĂ©dies françaisesNon diffusĂ© en ce moment Ă  la tĂ©lĂ©visionFilms - ComĂ©dies françaisesA la mort de leur mĂšre, qui leur laisse en hĂ©ritage un fabuleux pactole, trois frĂšres, qui ne s'Ă©taient jamais rencontrĂ©s auparavant, apprennent Ă  se la mort de leur mĂšre, qui leur laisse en hĂ©ritage un fabuleux pactole, trois frĂšres, qui ne s'Ă©taient jamais rencontrĂ©s auparavant, apprennent Ă  se Molotov pour regarder la TV diffusĂ© en ce moment Ă  la tĂ©lĂ©vision 22 aoĂ»t 2022 - MAJ 24/08/2022 1603 Simon Riaux 22 aoĂ»t 2022 - MAJ 24/08/2022 1603 Drame Leila et ses frĂšres sort enfin en salles. TragĂ©die familiale et Ă©norme baffe cannoise, voici le nouveau film du rĂ©alisateur de La Loi de TĂ©hĂ©ran. On y suit une femme d'une quarantaine d'annĂ©es, rompue Ă  l'entretien des bonnes relations familiales, malgrĂ© les veuleries de ses frĂšres et leur propension Ă  s'endetter. Mais quand le pĂšre de cette mauvaise troupe fait face Ă  une proposition qu'il ne peut refuser, ce fragile Ă©quilibre est rapidement menacĂ©... LA LOI DE CANNES Quand les salles françaises accueillent La Loi de TĂ©hĂ©ran en 2021, le choc est total. Saeed Roustaee est un metteur en scĂšne inconnu dans l’Hexagone, et ce deuxiĂšme long-mĂ©trage l’intronise comme un des nouveaux grands noms du cinĂ©ma iranien, mais aussi du paysage international. Et c’est logiquement que le Festival de Cannes le propulsera quelques mois plus tard en compĂ©tition officielle avec Leila et ses frĂšres, qui ravagea la Croisette et le cƓur des festivaliers, Ă  dĂ©faut de marquer son jury. Depuis sa prĂ©sentation au cƓur du festival, les qualificatifs pleuvent pour tenter d’apprĂ©hender cette Ɠuvre fleuve, dont la premiĂšre particularitĂ© est d’échapper momentanĂ©ment Ă  l’apprĂ©hension du spectateur. Ceux qui sont demeurĂ©s tĂ©tanisĂ©s par la spirale policiĂšre funĂšbre de son prĂ©cĂ©dent film croiront un instant reconnaĂźtre dans sa mise en scĂšne l’ampleur de certaines sĂ©quences, non sans Ă©voquer le chƓur antique. Toujours dans le contrepied, le dĂ©coupage comme le montage orchestrent une logique toute en paradoxes et en effets de sidĂ©ration. AprĂšs une introduction qui survole la situation de trois protagonistes principaux Ă  la faveur d’un montage alternĂ© d’une complexitĂ© remarquable, oĂč s’alternent vues aĂ©riennes, plans de foule, et condensĂ© d’instantanĂ©s de vie divers, le sentiment de claustration est irrĂ©pressible. MalgrĂ© le mouvement, en dĂ©pit de la profusion, Roustaee Ă©tablit avec une Ă©reintante intensitĂ© le verrouillage d’une sociĂ©tĂ© dont les rĂšgles contraignent chacun Ă  un conflit larvĂ© avec ses semblables. Un patriarche pas si paternel ALERTE SISMIQUE Cette ouverture achevĂ©e, la camĂ©ra va sensiblement se rapprocher des protagonistes, car si les membres de la famille de Leila sont pris au piĂšge au sein du collectif, leur individualitĂ© n’est pas non plus synonyme de libĂ©ration intĂ©rieure. Dans Leila et ses frĂšres, la rĂ©alitĂ© toute entiĂšre est de nature carcĂ©rale, sans qu’aucune Ă©chappatoire n’apparaisse jamais. Et c’est bien cette articulation entre une action qui se resserre perpĂ©tuellement, des enjeux toujours plus contraints, rĂ©duits, inĂ©luctables, mais aux consĂ©quences un peu plus concrĂštes Ă  chaque scĂšne, qui engendre un vertige de cinĂ©ma d’une rare intensitĂ©. Et l'Ă©pique de naĂźtre prĂ©cisĂ©ment quand surgit l'intime, la racine de toutes les plaies ouvertes durant cette aventure tĂ©nĂ©breuse. L’alliance du montage et du dĂ©coupage a beau ĂȘtre d’une rare cohĂ©rence au cours des 2h45 de la chose, elle ne pourrait soutenir notre attention si l’ensemble ne bĂ©nĂ©ficiait pas d’un scĂ©nario qui fait de la rigueur son principe universel. En flirtant avec les 180 minutes de mĂ©trage, le cinĂ©aste pourrait se donner le temps de contempler, se risquer Ă  dĂ©layer ou Ă  jouer la dilatation de l’action pour mieux fasciner son spectateur, mais non, la narration s’avĂšre d’une densitĂ© jamais prise en dĂ©faut, parfois Ă©reintante tant elle aligne les coups de boule stylistiques et la violence Ă©motionnelle lors de sa derniĂšre partie. Une inarrĂȘtable montĂ©e en pression... La logique inflexible avec laquelle l’écriture ordonne durant la premiĂšre partie, scellant le destin de tous les personnages aprĂšs avoir radiographiĂ© tant leur personnalitĂ© que leurs conflits intĂ©rieurs, pourra surprendre par sa longueur. Pourtant, impossible d’imaginer en couper ou retirer la moindre scĂšne. Aucun Ă©change ne s’avĂ©rera anodin, et aucune des multiples couches de rituels et traditions entourant la course de tous les membres de la famille vers le pouvoir ou sa paralysie ne compte pour des prunes. Et pour cause, quand la catastrophe annoncĂ©e vire au pur cataclysme, quant au mitan d’une cĂ©rĂ©monie familiale et symbolique essentielle, le clan dĂ©voile toute sa dĂ©sunion potentielle et sa conflictualitĂ© naissante, Leila et ses frĂšres opĂšre une mĂ©tamorphose formelle et rythmique. AprĂšs un premier mouvement en forme de partie d’échecs admirable mais en sourdine, chaque sĂ©quence se mue en une explosion d’antagonisme radical. Alors que la mise Ă  mort sociale et la ruine guette l’ensemble des personnages, tous entreprennent des stratĂ©gies diffĂ©rentes, convergentes, abominables ou absurdes. Un prĂ©cipitĂ© de violence sociale que le rĂ©alisateur traite avec un gĂ©nie quasi-littĂ©raire. Oubliez les Avengers LA MARRAINE DU PARRAIN Non pas que sa crĂ©ation soit verbeuse ou se risque Ă  s’enferrer dans une langue trop ouvertement lettrĂ©e. Mais tout comme La Loi de TĂ©hĂ©ran Ă©voquait sans ambiguitĂ© une structure tragique classique, on retrouve dans la nouvelle proposition de Roustaee l’hĂ©ritage, souvent sublimĂ©, d’une certaine littĂ©rature du XIXe siĂšcle. Des auteurs aussi variĂ©s que Tchekhov, DoistoĂŻevski ou Balzac auront travaillĂ© la matiĂšre premiĂšre du roman de maniĂšre Ă  pouvoir embrasser leur Ă©poque, mariant avec ingĂ©niositĂ© les hyper-structures de leur temps, les ardeurs des hommes qui le peuplent ainsi qu’un puissant souffle romanesque. Avec ce PĂšre Goriot inversĂ©, le cinĂ©aste iranien ne fait pas autre chose. C’est ce qui confĂšre Ă  la durĂ©e imposante de l’Ɠuvre une lĂ©gitimitĂ© supplĂ©mentaire. Parce qu’il peut scruter ses personnages Ă  la loupe, le film prend le temps de les installer dans un dispositif organique, oĂč ce sont d’abord leurs actions, rĂ©actions et explosions qui guident la camĂ©ra, et jamais une coquetterie de mise en scĂšne. DĂšs lors qu’il peut s’épanouir Ă  l’écran, chaque individu se voit donner assez de temps de prĂ©sence pour que sa grĂące ou sa damnation devienne terriblement palpable. Leila et ses gros boulets Enfin, dans l’habiletĂ© avec laquelle Leila et ses frĂšres dĂ©tourne tous les codes qu’il convoque pour ne jamais perdre de vue ses personnages mais se consacrer tout entier Ă  raconter Ă  travers eux un pays, on retrouve la marque des grandes fresques de cinĂ©ma. Alors que chaque membre de cette tribu sur le point d’imploser se prĂ©pare Ă  lutter pour sa survie bec et ongles, on n’adopte jamais durablement les codes du polar, du thriller ou du drame social, tant les cadres comme l’interprĂ©tation pulvĂ©risent en permanence les rĂšgles Ă©tablies. Et si on se souvient de la virtuositĂ© avec laquelle Le Parrain feignait de renouveler la saga criminelle, pour finalement dissĂ©quer une famille, et Ă  travers elle les vicissitudes de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine, on reconnaĂźtra ici la mĂȘme verve. L’inspiration de Roustaee aura Ă©tĂ© pointĂ©e du doigt par de nombreux commentateurs, et ce n’est pas lui faire injure que de comparer ce nouveau film au chef-d'oeuvre de Francis Ford Coppola, tant le metteur en scĂšne iranien s’avĂšre Ă  la hauteur du dĂ©fi. À tel point qu’on ressort du visionnage chancelant, fascinĂ© par l’imbrication du particulier et de l’universel, en ayant l’impression d’avoir couru sur l’arĂȘte d’un volcan. RĂ©sumĂ© Devant la camĂ©ra de Saeed Roustaee, le drame se fait tragĂ©die, le particulier tend Ă  l'universel, et le cinĂ©ma tutoie ses plus hauts sommets. RivĂ©s aux arĂȘtes explosives d'une famille au bord de l'implosion, on tient lĂ  un des tours de force de 2022. Autre avis Antoine Desrues La Loi de TĂ©hĂ©ran Ă©tait une magistrale droite dans la tronche. Leila et ses frĂšres en est le revers tout aussi dĂ©vastateur. Un concentrĂ© de cinĂ©ma oĂč chaque plan et chaque raccord s'imposent comme une Ă©vidence, pour mieux capter l'humanitĂ© de ses personnages bouleversants. Autre avis Alexandre Janowiak Conflits gĂ©nĂ©rationnels, impuissance fĂ©minine, crise Ă©conomique... Leila et ses frĂšres ausculte sous tous les angles un Iran Ă  bout de souffle Ă  travers une riche et brillante chronique familiale muant en vĂ©ritable tragĂ©die de vie dĂ©chirante et shakespearienne, tout en suivant les traces du Parrain de Coppola. Chef d'oeuvre. 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